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La tyrannie du nombre, une arme à double tranchant

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Largement absents lors de la présidentielle, les sujets environnementaux étaient au contraire omniprésents il y a deux ans, aux municipales. La surenchère de promesses­ d’arbres à planter dans les villes avait été un marqueur de la période, avec une unité de valeur de l’ordre de la dizaine, voire de la centaine de milliers… Ce volontarisme commence à se voir. Les forêts urbaines, auxquelles le dossier de ce mois est consacré (page 28), en est l’un des emblèmes. Des noms commencent y être associés, la « méthode Miyawaki » étant la plus souvent citée. Derrière les termes se cachent des démarches plutôt novatrices, ayant souvent pour trait commun la volonté de planter (très) dense, parfois trois arbres au mètre carré. Il est vrai qu’il est plus facile, dans une ville où la place est rare, d’installer les 100 000 arbres que l’on a promis dans une « tiny forest » qu’avec un alignement d’un spécimen tous les cinq mètres ! Lorsqu’une forêt classique est coupée, les graines au sol germent­ et forment ce que les forestiers appellent une « brosse ». Certaines plantations effectuées aujourd’hui en ville ont une densité supérieure à celle de cette brosse ! Une mortalité assumée les premières années permettra ensuite d’obtenir une densité plus raisonnable, mais est-il indispensable de planter aussi serré ? Cela répond-il à l’objectif d’offrir de nouveaux espaces de nature aux habitants, alors qu’ils seront impénétrables ? Nombreux sont les chercheurs et observateurs, souvent dans le domaine forestier, à s’interroger. Ce débat technique ne concerne-t-il que quelques réalisations et n’intéresse-t-il que les spécialistes, en attendant de trouver le bon réglage ? Un peu, bien sûr, mais pas que : la surdensité a un coût, parfois des plantations à plusieurs milliers d’euros pour quelques dizaines de mètres carrés... Le citadin, à qui l’on a parfois fait croire qu’il vivrait bientôt dans une forêt, demandera sûrement des comptes. Le volontarisme, c’est bien, l’arbre en ville est indispensable. Mais la surenchère et la tyrannie du nombre­ peuvent s’avérer dangereux à moyen terme !

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